Budget rectificatif : oui, mais la Covid a bon dos ou l’ordinaire de la dépense…

L’Assemblée nationale a adopté en 1ère lecture le 11 juin le projet de loi de finances rectificative pour l’année 2021 (PLFR 2021).
Bien sûr, ce PLFR est opportun alors que les conséquences économiques de la crise sanitaire détruisent les entreprises et les emplois de certains secteurs d’activité. Avec les députés du groupe UDI, je me félicite notamment des 15,5 milliards d’euros supplémentaires qui vont abonder les dispositifs de soutien exceptionnels prolongés jusqu’à la fin du mois d’août.
Mais, présenté par le Gouvernement comme “un texte de transition entre la protection maximale apportée pendant la crise et le retour à la normale”, le 5e collectif budgétaire depuis le début de la crise sanitaire prévoit aussi une dépense publique, un déficit budgétaire et une dette publique tous inédits, s’élevant - respectivement - à 60,6%, 9,4% et 117,2% du PIB !
Cette tendance dépensière semble infirmer la sortie annoncée du “quoi qu’il en coûte”. Elle est préoccupante car, dans le détail, la Covid n’a pas le dos aussi large que le souhaiterait l’Exécutif : la croissance des dépenses publiques est en effet davantage soutenue par les dépenses ordinaires que par les dépenses de soutien et de relance. Pourtant, le taux des prélèvements obligatoires atteint toujours, lui, 43,3% du PIB…
Le Haut Conseil des Finances Publiques le constate expressément dans son avis : “le niveau des dépenses publiques est revu en très forte hausse depuis la loi de finances initiale, pour s'établir selon le PLFR à 60,6 points de PIB en 2021. Par rapport à 2020, elles croissent de 66 milliards (soit + 4,7 %), une évolution portée d'abord par les dépenses ordinaires (+ 41 milliards) et, dans une moindre mesure, par les dépenses de soutien et de relance (+ 25 milliards).”
L’organisme indépendant appelle donc à la plus grande vigilance : “les données présentées dans ce PLFR témoignent de la situation très dégradée des finances publiques de la France en 2021. Selon la prévision du projet de loi de finances rectificative, le ratio de dette publique augmenterait de 20 points de PIB entre 2019 et 2021, pour atteindre plus de 117 points de PIB. Alors que le niveau de déficit devrait s’établir en 2021 à un niveau plus élevé qu’en 2020, le chemin de résorption du déficit et la soutenabilité des finances publiques constituent des enjeux centraux de la stratégie financière de la France et appellent la plus grande vigilance”.
Vigilance d’autant plus de rigueur que la prévision de croissance retenue à 5% pourrait s’avérer optimiste si certaines pénuries sectorielles et le coût des matières premières évoluaient dans un sens défavorable. Le cas échéant, déficit et dette s’envoleraient !
“Quoi qu’il en coûte” a été répété ad nauseam depuis le printemps 2020. Mais qui supportera ce coût ? Sans doute les générations futures, si nous ne mettons pas très rapidement un terme à ce laisser-aller budgétaire…